
Un écran dernier cri, une console dernière génération, des chaises et une table et le tour est joué pour engranger de l’argent qui coule à flots, à condition de bien encadrer les joueurs et ne pas avoir le fisc sur son dos.
Plus que jamais, avec l’amélioration de la situation sanitaire liée à la pandémie du covid-19, la fréquentation des espaces de jeux vidéo par les jeunes et moins jeunes, avides de sensations fortes, est revenue au goût du jour. Que ce soit dans les quartiers populaires ou plus nantis de la capitale, ils poussent comme des champignons. Pour le propriétaire, il suffit d’aménager dans son espace des téléviseurs Haute Définition grand écran, d’avoir des consoles de jeux vidéo next gen (dernière génération), des canapés et des tables et le tour est joué !
En fonction des moyens investis dans la performance des machines, de la qualité d’accueil et du prix pratiqué, chacun y va de sa… recette. «Ouvert 7/j/7 et de 10h00 à 22h00» affiche une salle de jeux vidéo dernière technologie à Sousse, composée de dix Playstation 5 et d’écrans Ultra HD.
Certaines personnes bien avisées investissent beaucoup dans ce genre de projet, sachant que de nombreux enfants n’ont pas les moyens de posséder une console de jeux vidéo dernière génération qui coûte la bagatelle de 2 500 dinars et qu’il faut lui ajouter un écran adapté et tout aussi coûteux.
Par ici la monnaie !
Dans une salle de jeux vidéo du côté d’Ennasr (Ariana), à 2,5 D la partie endiablée du jeu de football réputé Fifa 22 sur la toute dernière console de jeux vidéo qui fait fureur, la Playstation 5, les joueurs sont au nirvana l’espace de quelques courtes, mais intenses minutes.
Un maximum d’adrénaline, d’intensité et de plaisir est procuré aux joueurs dans une ambiance chaleureuse et de compétition. Mais que dire donc du tenancier des lieux qui se frotte les mains à l’avance et encaisse rubis sur l’ongle des monnaies sonnantes et trébuchantes ? Une partie dure six minutes à peine, donc en une heure il peut engranger l’équivalent de dix parties, soit 25 dinars sur un seul écran.
Faites le compte sur cinq ou six écrans à condition qu’ils soient tous occupés, cela monte très vite à 150 dinars l’heure dans les meilleurs moments de la journée. Une journée qui s’allonge et s’éternise dans la nuit d’après le propriétaire qui livre ses horaires : «Nous sommes ouverts depuis tôt dans la matinée et de façon continue jusqu’à minuit, voire une heure du matin s’il le faut ». Il vous remercie de l’avoir payé et vous prie gentiment de quitter les lieux pour céder la place à d’autres joueurs les mains chaudes et avides d’en découdre qui attendent impatiemment leur tour.
Si on estime en arrondissant à une centaine de dinars au bas mot de l’heure, il y a mille dinars par journée de chiffre d’affaires. Un chiffre d’affaires qui peut grimper jusqu’à trente mille dinars dans les meilleurs des cas et générer des bénéfices nets mensuels de sept mille dinars tout ronds et bien comptés. Dans d’autres quartiers de l’Ariana et de Tunis, ces commerces pullulent et permettent aux propriétaires de contourner la crise économique qui frappe leur secteur professionnel.
A la Cité Hédi Nouira, un espace moins imposant est composé, celui-ci, de consoles quatrième génération appelées PS4 qui ont leur part de succès avec les jeux vidéo de courses de voitures et autres parties de football que l’on peut jouer à un dinar la partie. Ici, les recettes sont moindres et les bénéfices tirés également sont moins conséquents, mais ils arrivent, toutefois, à réaliser entre deux et trois mille dinars de bénéfices par mois…
Ce secteur, qui ne semble pas réglementé, continue de profiter du climat d’incertitude économique pour tirer son épingle du jeu. En attendant, les propriétaires, qui ne paient ni taxes ni impôts dans ce genre de projets, se frottent les mains et espèrent que «le système» continuera à leur permettre de «tirer les marrons du feu» pendant que les contribuables sont étouffés à coup d’imposition bien tracée, de taxes et de redevabilité envers l’Etat toute l’année. Il faut impérativement que le ministère du Commerce enquête sur le manque à gagner de l’Etat dans ces salles de jeux qu’on ne compte plus lorsqu’on y ajoute celles des paris sportifs en ligne qui poussent aux quatre coins de chaque rue de Tunis et suscitent l’effroi car elles arnaquent le pauvre citoyen de deux dinars à payer sous forme d’une présupposée taxe sur le jeu qu’elle ne compte certainement pas redistribuer à l’Etat.
Faut pas rêver ! En attendant, d’autres espaces de jeux pour enfants, qui intègrent des machines de jeux, font magistralement recette également avec la ribambelle d’enfants qui les fréquentent dans la joie et la ferveur, mais elles se situent dans des centres commerciaux et font nécessairement l’objet d’une réglementation plus stricte à n’en point douter.